Vivus x Louise Charlier x Thomas Vancraeynest : quand l’usage permet un produit abouti

La Spin-off de l’ULiège Vivus crée des façades végétalisées 100% belges. Grâce aux designers Louise Charlier et Thomas Vancraeynest, les fondateurs ont pu réfléchir à l’entièreté des aspects d’usage avant la conception technique du produit. Résultat ? Un produit abouti et différenciateur dans le commerce !

Vivus a été créée par deux passionnés de nature et de biodiversité, Sylvain Boisson et Grégory Mahy, chercheurs au sein de l’Université de Liège, Faculté Gembloux Agro Bio Tech. Ces derniers ont travaillé sur l’intégration de la nature dans les secteurs économiques et industriels, avant de sentir l’intérêt de ceux de l’architecture et de l’immobilier, qui se questionnaient sur la végétalisation et l’intégration de la nature dans le bâti. Le produit proposé par Vivus (MURVERT à l’époque) est une solution hors-sol de façade végétalisée à partir de module pré-plantés. Le design a eu un rôle prépondérant de l’aboutissement du produit phare de la spin-off  wallonne.

Introduction au design

A l’époque, incubé au VentureLab, le projet de Sylvain et Grégory était au stade du prétotype lorsque leur coach Luc Pire leur a conseillé de contacter Wallonie Design. Accueillis et orientés par Richard Lecomte, les fondateurs se voient recommander plusieurs designers industriels dont Louise Charlier et Thomas Vancraeynest, qui se sont associés pour le projet.

Le duo de designers repart du prétotype existant, soit cette grande tôle déployée avec des alvéoles pour y placer les plantations et… a tout remis en question.

Repartir de zéro, ou presque

Tout en gardant en tête les trois piliers du projet, à savoir : 1) les plantes et le substrat, 2) le système de module et la structure et 3) la façade, les designers se sont penchés en premier lieu sur le dimensionnement du module en tant que tel et ont étudié toutes les contraintes liées (fabrication, manutention, transport, stockage, ordre d’installation…). Il a fallu également analyser les contraintes quant à la plantation dans ce module (irrigation, nombre de plants au m2…). Il est à noter que le végétal constituait la peau esthétique du projet et devait pouvoir tenir au fil des saisons. Il a été considéré comme un élément architectural à part entière et avec une identité forte.

Après cela, il a fallu explorer l’interaction entre le module et la façade, soit le système d’accroche, choisi sur base de systèmes standards permettant de gagner facilement la confiance des prescripteurs, installateurs et utilisateurs.

Le tout en ayant un minimum de matériaux. Car l’idée n’était de ne pas créer de nouvelles chaines économiques et techniques mais de réutiliser des matériaux existants – tant pour la structure que pour le substrat. Les designers ont travaillé dans un esprit de rationalisation des coûts de production, de pièces et des étapes de montage.

La quantité d’informations et de contraintes inhérentes au projet a impacté le travail des designers, qui ont justement renforcé leur proposition grâce à un travail appuyé sur les scénarios d’usage.

Les scénarios d’usage, une pierre angulaire méthodologique

Les designers en collaboration avec les fondateurs de Vivus ont poussé chaque étape jusqu’au bout du bout pour tester les limites du produit. L’usage a été privilégié au produit. Cela a fait toute la différence.

Le début du travail des designers est parti du cahier des besoins détaillé par Vivus pour l’appel d’offres visant à sélectionner un prestataire de design. Sur base de ces besoins, un brainstorming a permis d’écarter de qui ne convenait pas ou ce qui n’était pas désiré dans le projet. Puis les différentes analyses susmentionnées ont amené à un travail d’exploration parallèle sur les scénarios d’usage qui ont permis de réfléchir à tout l’écosystème du produit ainsi qu’à tous ses acteurs.

Cette exploration a permis à Vivus et aux designers d’élaborer un cahier des charges précis, permettant de scénariser mentalement toutes les étapes de trois grands scénarios répondant aux trois concepts de produits : cassettes fermées, bacs et gabions.

« Il y a parfois une mauvaise compréhension de ce qu’on fait en tant que designer car non, on ne fait pas que de l’esthétique. Au final, le designer crée une synthèse formelle qui sera esthétique, certes, car on y tient, mais qui repose sur les scénarios d’usage, les astuces de conception et les besoins spécifiques liés à l’entreprise. »
– Thomas Vancraeneyst, designer industriel

Et le retour des utilisateurs est sans appel : ils sont rassurés par le produit car toutes les étapes ont été réfléchies et testées.

Entre le début de la collaboration et l’aboutissement du produit, il s’est passé environ 8 à 9 mois. Les différentes étapes ont permis de tester théoriquement puis en conditions réelles et enfin de valider le caisson sur plan et le prototype de caisson, la façon dont on le végétalise, la dimension du quadrillage de la façade et la structure d’accroche. Le tout a donné une structure modulaire – pouvant être produite sur mesure – qui est posée sur une structure standard elle-même apposée à la façade du bâtiment.

« Nos profils technique et analytique se sont parfaitement complétés sur ce projet, qui nous tenait à cœur notamment au niveau des valeurs véhiculées. La force du brainstorming en collaboration avec Vivus mais aussi l’exploration complète de toutes les possibilités d’usage nous ont permis de proposer un produit fini de qualité à bien des égards. »
– Louise Charlier, designer industriel

L’atout commercial d’un produit bien conçu

Aujourd’hui, le produit en est à sa phase de commercialisation et il va sans dire qu’un produit bien conçu est indéniablement un atout commercial. Vivus propose différents produits mais celui de façade végétalisée grâce à des modules précultivés différencie nettement la spin-off. En effet, le produit est créé et fabriqué en Belgique, les plantes sont d’origine belge pour la plupart, et c’est encore et toujours notre pays qui fournit l’entreprise en éléments végétaux et en matériaux. Les concurrents de Vivus ne peuvent se vanter d’en faire autant quant au Made in Belgium.

« Si c’était à refaire… et bien je le referais ! On a montré à nous quatre une bonne gestion de la période covid, qui a eu un impact sur les rencontres mais aussi sur le fonctionnement des entreprises et des fournisseurs qui tournaient alors au ralenti. Donc en moins d’un an, dans ces conditions, passer d’un prototype à un démonstrateur, c’est un gros challenge réussi ! »
– Sylvain Boisson, cofondateur Vivus

Photos : © Vivus, Louise Charlier, La Menuiserie


Vivus a été orienté en 2020 par Wallonie Design pour trouver des designers industriels et faire ainsi progresser son projet. Vous souhaitez faire de même ? Prenez rendez-vous dès maintenant avec une personne de notre équipe conseil : https://walloniedesign.typeform.com/unprojetentete

Article rédigé par Cécilia Rigaux, avec le soutien de Wallonie Entreprendre.

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