Joan Bebronne, fondatrice de la marque Mademoiselle Jo

Quand elle quitte le monde de la lingerie pour lequel elle a travaillé à la direction artistique pendant 25 ans, Joan Bebronne est loin de laisser de côté ce qui l’anime depuis toujours : la création. « C’est la seule chose que je sais faire ! » nous confie-t-elle en souriant. Il y a seulement quatre ans, elle lance sa marque Mademoiselle Jo et présente du mobilier pour la maison : des objets différents par leur originalité et intelligents par leur modularité. Elle se donne alors l’opportunité de mener ses projets, guidée par ses goûts très précis pour la matière et les couleurs. Aujourd’hui, la marque s’exporte dans des pays du monde entier. Rencontre avec une designer chez qui les idées ne manquent pas !

Une table de forme circulaire, sans pied, fixée sur une tige en laiton qui trouve son point d’ancrage dans le plafond. Une table d’appoint légère qui peut se séparer en deux parties distinctes pour prendre place au bout d’un canapé. Voici les deux premiers produits que proposait la marque Mademoiselle Jo à son commencement. Le premier intègre la collection Toupy, le deuxième la collection Youmy. En donnant à ces objets de mobilier des finalités multiples, Joan Bebronne scelle alors l’idée générale qui englobe sa marque : laisser le choix aux propriétaires des objets de les utiliser à leur façon ! En fonction du lieu où elle sera placée, la table Toupy, le produit phare de Mademoiselle Jo, servira de vide-poche, de rangement à bijoux ou de table de salon. La brochure et le kit de montage que les client·es recevront les inviteront à participer activement à la réflexion quant à l’endroit où l’objet sera placé.  

Chacun peut s’approprier l’objet comme il veut. Nous pouvons le placer là où nous en avons besoin et l’utiliser à notre façon. Il est polyvalent. Je n’aime pas qu’on enferme un produit dans un rôle. 

– Joan Bebronne, Fondatrice – Mademoiselle Jo

Les mots d’ordre : modularité et singularité

En créant des pièces originales, hors du commun, Joan Bebronne se positionne comme une designer intemporelle. Guidée par l’envie que ses créations se transmettent de génération en génération, elle les conçoit sans les assujettir à une mode. « Si l’objet est singulier, il peut traverser les périodes ! »  Des objets « différents », « intelligents », ce sont souvent les retours qu’elle reçoit lorsqu’elle expose la marque Mademoiselle Jo dans les salons professionnels. Si les commentaires enthousiasmants des visiteur·euses l’ont confortée lors de ces événements, les salons lui ont surtout donné l’opportunité de s’exporter. L’emblématique Maison&Objet a notamment été une belle occasion d’initier des rencontres avec des revendeurs internationaux. Après seulement quatre ans d’existence de la marque, Joan Bebronne peut se féliciter d’exporter ses créations en France, en Suisse, au Luxembourg, mais aussi aux États-Unis ou encore en Israël.

Financièrement, la bourse Rayonnement Wallonie de ST’ART Invest a été un apport non négligeable. Son obtention en 2020, peu après le lancement de la marque, lui a permis d’investir dans la création de contenus promotionnels, comme des vidéos ou des photos en 3D. Des éléments médiatiques qui peuvent avoir un impact positif très conséquent pour une jeune marque !

Par la suite, d’autres collections ont rapidement vu le jour, telle que l’étagère Simply qui, grâce à un système d’aimants, laisse à son propriétaire le choix de sa configuration. En effet, les différentes parties magnétiques de l’étagère peuvent être déplacées au gré des envies et des besoins. Les plateaux en verre Loupy, eux, sont utiles comme coupe à fruit mais aussi comme porte-savon !

Une première conceptualisation en volume

Formée en stylisme, c’est tout naturellement que Joan Bebronne conçoit et imagine ses créations directement en trois dimensions, sans ordinateur. « À l’école on nous a appris à faire de la coupe directe, c’est-à-dire sans passer par un patron à plat, mais en travaillant directement sur le buste, en volume ». Ce premier geste de conceptualisation lui donne donc une vision des proportions qu’elle juge primordiale. Des artisans pour le travail du bois, de la pierre ou du métal, s’immiscent ensuite dans la conception des objets. Enfin, Joan Bebronne intervient pour les finitions. Ce procédé créatif fait résonner un principe important aux yeux de la designer : aucun objet ne doit être totalement industrialisé !

Deux passions : les couleurs et les matières

Si les client·es ont le choix sur l’usage et la configuration des objets, Joan Bebronne, elle aussi, aime avoir le choix : certaines de ses créations sont déclinées en différentes matières. « J’adore la matière, je commence même souvent à travailler en appréhendant la matière ou la technique. » Sa table suspendue Toupy existe en noyer, en frêne lasuré noir ou blanchi et en chêne. Elle est également déclinée en marbre noir ou blanc et en travertin. Concernant les artisans qui interviennent dans le processus de création, « l’important est qu’ils croient en ces projets et aient envie d’y participer, car en travaillant sur mes produits, ils doivent sortir de leur zone de confort. » Joan Bebronne a donc pu compter sur des entreprises curieuses de consacrer du temps à ses produits, en Belgique, pour le travail du métal, du bois et de la pierre, en Italie pour le verre.

C’est suite à un énorme coup de cœur, qu’elle décide de travailler le verre. Désormais, pour ses patères Glowy et ses plateaux Loupy, elle se rend dans une verrerie en Italie, à Trevise-Murano, où elle compose ses propres couleurs. « J’aime jouer avec les couleurs et les superpositions des verres pour créer différents coloris ». Joan Bebronne a une idée très précise des couleurs, qu’elles soient travaillées dans le verre, ou qu’elles rayonnent, brutes, des matériaux utilisés. Elles rappellent les tons de la nature : l’automne, la roche, le bois ou encore la rouille ; et se marient parfaitement bien avec le choix des matériaux : de la pierre, du bois ou des matières non issues de la pétrochimie comme le métal et le verre.

Fourmillant d’idées, Joan Bebronne nous laisse supposer que la marque Mademoiselle Jo n’a certainement pas fini de nous présenter des objets pratiques, intelligents et surprenants. Si ces créations obéissent certes à une ligne esthétique très définie, chacune nous invite à une ouverture d’esprit vers l’originalité !

www.mademoisellejo.com

Photos © Mademoiselle Jo / Wallonie Design (photo 17)

Article rédigé par Manon Dainotti, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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