Focus sur Jean-François Gomrée : parti il y a bientôt 30 ans aux États-Unis, il y a construit sa carrière de designer et a notamment travaillé pour Herman Miller.
Wallonie Design a voulu mettre en lumière les parcours de designers wallon·nes ayant exercé aux quatre coins du globe. Nous leur avons demandé de partager leurs expériences et les pratiques inspirantes rencontrées en chemin. Ces designers nous ont aussi exposé leur point de vue sur le métier et nous ont confié les conseils qu’ils donneraient à de jeunes designers.
Né dans une famille de fabricants de meubles près de Charleroi, Jean-François a étudié le design industriel à l’École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles avant de s’installer aux États-Unis en 1994 pour collaborer avec le célèbre designer Bill Stumpf, célèbre créateur de la chaise Aeron. Pendant ses 12 années de collaboration avec Stumpf, il a travaillé avec le fabricant américain Herman Miller à la création de concepts de mobilier pour l’environnement de bureau. En 2022, Jean-François rejoint Blue Origin en tant que designer industriel spatial. Après avoir travaillé sur la station spatiale Orbital Reef de Blue Origin, il fait désormais partie de l’équipe Crew System, où il développe les éléments humains du module lunaire Artemis V de la NASA.
Quand vous êtes parti aux États-Unis, vous ne pensiez pas y rester si longtemps…
Je suis parti aux États-Unis afin de me faire une expérience professionnelle à l’étranger et je pensais ne pas y rester plus de trois ans. Pour finir, cela fait presque trente ans que j’y suis. J’ai été engagé trois mois après mon arrivée par le designer considéré comme celui qui a introduit l’ergonomie dans le domaine des chaises de bureau, et qui était sous contrat exclusif avec le fabricant de mobilier Herman Miller pour qui il avait créé des chaises de bureau révolutionnaires. Au fil du temps, je suis devenu un de ses deux collaborateurs directs. J’ai acquis énormément de connaissance en ergonomie et dans le processus d’innovation “design”. J’ai exercé dans ce secteur durant 27 ans avant d’être invité à joindre la compagnie spatiale Blue Origin en 2022 comme le premier designer industriel employé au sein de la compagnie.
Que trouvez-vous intéressant dans le design américain ?
Le design aux USA n’a pas une identité nationale très forte comme ça peut être le cas pour des pays européens : il évolue sans cesse grâce à son ouverture aux influences internationales. Le design est aussi perçu comme un avantage compétitif et stratégique important et les grandes firmes de consulting américaines comme Deloitte, achètent et intègrent des agences de design au sein de leurs services. Le design aux USA est donc très dynamique et donc, un designer comme moi, venant d’un petit pays, peut, à un moment de sa carrière, travailler dans le domaine des sièges de bureau haut-de-gamme et, à un autre moment, travailler dans l’industrie spatiale.
Quels conseils donneriez-vous à de jeunes designers ?
Soyez ouvert·es à la découverte, observez comment les gens vivent, recherchez des problèmes qui demandent de nouvelles solutions et donnez naissance à des solutions uniques et performantes. Soyez sans arrêt curieux·ses et entreprenant·es. Je pense qu’il est aussi important pour les jeunes designers d’envisager leur métier, non pas comme simple fournisseur de services, mais aussi comme possible créateur d’entreprises. Dyson et Airbnb sont, après tout, des entreprises créées par des designers industriels.
Que trouvez-vous d’excitant dans le métier de designer aujourd’hui ?
En tant que designer, la base de mon travail est la recherche et l’identification de problèmes qui demandent des solutions innovantes. Aujourd’hui, plus que jamais, l’accès aux informations est très facile grâce à internet : cela permet la création de produits beaucoup plus performants et innovants que dans le passé.
