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Entrevue avec Tony Rey Paulino, fondateur de l’agence de design industriel 1POINT61

À la frontière entre le monde de l’industrie et celui du design : la conception. C’est-à-dire l’art de rendre l’innovation opérante dans la vie réelle. C’est à cet endroit charnière qu’opère l’agence 1POINT61. Avec un certain goût pour le beau, certes. Mais aussi pour l’efficacité..


Le grand public se pose souvent la question, quand il est confronté à un objet séduisant : comment a-t-il été conçu ? Comment a-t-on fait pour le rendre accessible, utilisable ? Pour traduire une idée, un concept en quelque chose d’appréhendable, de fonctionnel, d’agréable ?

Une pédale de guitare, mais qui permettrait de travailler le son de chaque corde séparément… Des petites roues de vélo, mais flexibles, pour plus de confort dans l’apprentissage… Un emballage pour collier, mais qui se transforme en splendide boîte à bijou (avec miroir intégré)… Le travail de l’agence 1POINT61, c’est de rendre viables des idées, en faisant le lien entre les inventeurs, concepteurs, et autres créatifs, et le monde de l’industrie.

« Notre métier, c’est de concevoir un objet. Il faut bien sûr répondre à un besoin client, mais aussi réfléchir à l’intégration dans le magasin, prendre en compte l’environnement. Car ce n’est pas tout de concevoir ce produit factuel : il faut aussi le produire, et pour ça on doit connaître les techniques de fabrication, en partenariat avec le monde de l’industrie, faire vraiment le lien entre conception et mise sur le marché. »

Tony Rey Paulino a passé plus de 10 ans à Redu, sur le site de l’Agence Spatiale Européenne, où sa spécialité était le transfert de technologie spatiale. Soit l’art de récupérer des technologies développées pour l’espace, mais réadaptées à des entreprises terrestres pour faire progresser l’innovation. Début 2020, il a fondé son agence, qui aujourd’hui compte 5 personnes. 1POINT61 (qui pourrait s’écrire 1,61), c’est bien sûr le début du nombre d’or. L’idée : du design au service de l’industrie, avec une forte valeur ajoutée de fonctionnalité.

« Le design pour moi n’est qu’une résultante : il doit répondre à un besoin. Un couteau peut être le plus beau couteau du monde, s’il ne coupe pas, il restera au fond du placard. Un objet doit être efficient. Ses autres qualités : être faisable techniquement, et répondre à une viabilité économique. Et le tour est joué. »

L’équipe est installée à Namur, au TRAKK, où l’immense portrait de Léonard de Vinci veille sur le bâtiment partagé par nombre de sociétés émergeantes. Parmi ses réalisations emblématiques, le cadre connecté IONNYK, dédié à la photographie d’art. Une vraie réussite, puisqu’il donne l’impression qu’il s’agit d’une photo (et non d’un écran rétro éclairé). En outre, il offre la possibilité de changer régulièrement, ou même d’entrer dans l’univers du smart art : dans une image de gare vide, le train arrive à heures fixes et vient modifier, pour un temps, l’image.

Autre projet, développé grâce à l’Agence Spatiale Européenne : un boitier électronique, qui assure la traçabilité du vaccin du Covid pendant son transport. Car ce sont là des produits pharmaceutiques sujets à détérioration, qui subissent parfois des trajets tumultueux (lumière, température). Ici, grâce au positionnement, et au relais des données, le petit boîtier centralise toute l’info, et donne son verdict.

Dernier né : eDock, un parking pour vélos et trottinettes électriques connectées, où on peut à la fois recharger et sécuriser son engin, en un seul geste. Ici, la fierté du designer dépasse la « simple » conception.

« Le bonheur, c’est de voir tout un projet humain se construire derrière, car le produit est fabriqué par une E.T.A. (pour « entreprise en travail adapté »). Ici, on fait travailler des gens, des familles, c’est local car tout est fait en Belgique. La fierté, c’est dire : qu’est-ce qu’on a pu générer, avec un simple objet, en terme d’économie réelle ? »

Proposer des objets viables, faisables, désirables : c’est bien. Rencontrer les besoins des utilisateurs et se positionner sur un marché : encore mieux. Mais si le vrai sens se situait encore au-delà, dans une dimension résolument humaine ? Et si c’était là la consécration suprême que cherchait déjà Léonard de Vinci : trouver, pour la main de l’homme, l’outil parfait qui lui permettra d’avancer ?


www.1point61.com

Photos :
© Sylvestre Sbille
© 1point61 


Article rédigé par Sylvestre Sbille,
avec le soutien du Fonds européen de développement régional.

 

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