Jean-François D’Or crée Annette et Lubin, les luminaires issus des forêts spadoises

Annette et Lubin, c’est avant tout l’histoire d’une collaboration entre Jean François D’Or, un designer talentueux et bienveillant et Hind Rabii, une entreprise à taille humaine.

Depuis plus de 20 ans, cette entreprise a su s’imposer comme référence dans le monde du luminaire haut de gamme. En proposant des réalisations au design sobre et épuré, elle privilégie toujours la qualité pour un résultat pour le moins inspirant.

© Stéphanie Derouaux

Le designer du quotidien

En 2003, Jean François D’Or, designer polyvalent et féru de voyages, crée Loudordesign Studio. Tôt dans sa carrière, il sent le besoin de s’engager dans des projets variés : « quand des designers me racontaient leurs voyages et les projets diversifiés auxquels ils prenaient part, je sentais brûler en moi une envie de bouger, de ne pas me cantonner à un domaine de prédilection. Je voulais m’inscrire dans une approche généraliste. »

Fasciné par l’objet du quotidien, il se voit un peu comme un anthropologue.

Il revisite ces choses qui existent depuis toujours pour en apporter sa propre version.  Pour lui, le design est avant tout une histoire de bon sens, il doit servir l’utile, accompagner l’usage que l’on fait des choses :  » j’ai toujours eu la passion pour l’objet car pour moi il est le trait d’union entre l’homme et une fonction. Un ouvre-bouteille, par exemple, doit d’abord être pensé pour être le plus facile d’utilisation possible, après tant mieux s’il est élégant. »

 

Une collaboration qui fait sens

C’est en 2017 que la collaboration entre Hind Rabii et Jean-François D’Or débute. En visitant l’entreprise sur Verviers, ce dernier est impressionné par la qualité du travail et apprécie le fait qu’il s’agisse d’une petite équipe. Ayant par ailleurs un lien affectif particulier avec cette région (ses grands-parents résidaient à Spa), il décide avec enthousiasme de se lancer dans l’aventure.

Dans un premier temps, l’entreprise expose sa vision du projet et ses attentes :  » par exemple, je lui exposais les matériaux avec lesquels on a l’habitude de travailler pour ne pas qu’il dessine des choses qui dépassent nos compétences », commente Hind Rabii. Le designer analyse ensuite les tendances de l’entreprise pour voir comment se fondre dans l’univers tout en apportant sa touche personnelle.

Un jour, il montre des échantillons de matériaux inspirés des forêts spadoises  : « j’avais une gamme de morceaux de verre, avec les tonalités de couleurs qu’on peut trouver dans les bois, de l’hiver aux printemps. Je montrais les jeux de lumière créés par les différentes couleurs. Je voulais investiguer cette sensibilité là. »

© Jean-François d’Or

Jean-François et Hind se mettent d’accord sur une première gamme de luminaires puis l’entreprise amorce le développement technique qui génère souvent des imprévus : « par exemple, on a eu des problèmes au moment du soufflage du verre. L’épaisseur obtenue n’était jamais la même. Ca fait partie du jeu quand on travaille avec des produits naturels et de vrais artisans » explique Hind Rabii.

@Stéphanie Derouaux

 

L’émotion comme moteur de création

Pour ce projet, Jean-François D’Or rend hommage à ses grands-parents, originaires de la région, au travers du conte morale Annette et Lubin (de Jean-François Marmontel) :  » cette histoire mettant en scène un couple devenu mythique pour tous les spadois est bien ancrée dans les bois et les paysages qui m’ont inspiré le design des lampes. »

Tout le concept créé par Jean-François D’Or gravite alors autour de cette idée de couple, représenté ici par les deux formes principales : la sphère et le cône tronqué. Les deux peuvent exister seules pour produire un type de luminosité mais elles peuvent aussi se rejoindre pour créer d’autres nuances de lumière :  » à partir d’éléments simples, on a composé une trentaine de versions exprimant des subtilités de lumières différentes. »

« En travaillant, je revoyais le salon de mes grands-parents avec cette lampe en verre opalin. Du coup quand je regarde mes créations, je ne vois pas juste un cône et une sphère, je me replonge de suite dans cette nostalgie. » Pendant tout le processus de création, le designer est influencé par les souvenirs de son enfance.

© Stéphanie Derouaux

Avec le projet Annette et Lubin, Jean-François D’Or et Hind Rabii ne nous livrent pas simplement une gamme de luminaires, ils proposent tout un univers qu’ils ont pris le temps de créer et dont chaque étape fut pensée minutieusement pour nous fournir ce résultat d’exception. Une démarche qu’il convient de saluer dans une époque où trop souvent la précipitation l’emporte.

 


Leçons à tirer

  • « Collaborer avec des partenaires industriels est très enrichissant. On se nourrit mutuellement, c’est vraiment du win-win. » Jean-François D’Or.
  • « Les contraintes techniques, économiques et écologiques générées par ce type de collaboration  sont indispensables. Il faut avoir conscience qu’elles font partie du processus de création. » Jean-François D’Or.
  • « Ne jamais conclure en se disant que c’est gagné d’avance. Lorsqu’on rentre dans la production, il y a toujours des imprévus auxquels il faut répondre en réagissant rapidement.  » Hind Rabii

 

 

Article rédigé par Sylvie Reversez.
Avec le soutien du Fonds européen de développement régional.

 

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