Julien Renault, Designer de l’année 2023

Chaque année depuis 2006, le Knack Weekend, Le Vif Weekend et la Biennale Intérieur désignent un designer de l’année. Ce prix a été créé pour valoriser les créateurs et créatrices belges. En 2023, le designer sacré n’est autre que Julien Renault. Rencontre.


 

Julien Renault a suivi un cursus en design à l’École des Beaux-Arts de Reims, un parcours renforcé par un stage chez les frères Bouroullec (Paris) et un échange Erasmus à l’École cantonale d’art de Lausanne – dans laquelle il poursuivra un autre bachelor. Ce passage en Suisse lui permet d’être confronté à un design plus rigoureux et industriel, en contraste avec l’approche plus artistique du design qui lui a été enseignée à Reims. Une posture double et complémentaire qu’il conserve toujours à l’heure actuelle. Julien Renault arrive en 2009 en Belgique, un pays choisi par amour, par expérience et par possibilité d’y construire une activité professionnelle. Durant plusieurs années, il travaille dans différents secteurs afin de comprendre le contexte belge, de se construire un réseau et d’engranger de l’expérience. En parallèle, il développe ses projets personnels et son studio voit officiellement le jour en 2015. Parmi ses clients : Hem, Cruso, Mattiazzi, Massproductions, HAY…entre autres. Et surtout Kewlox, pour qui son studio gère la direction artistique depuis 2016.

julienrenaultobjects.com

 

Alors… Qu’est-ce que ça fait d’être nommé Designer de l’année ?

C’est tout d’abord une surprise ; on ne s’y attend pas vraiment, comme ce n’est pas un concours. Je connais le prix depuis que je suis arrivé en Belgique, j’ai travaillé pour quelques-uns des anciens lauréats (Sylvain Willenz et Alain Berteau). Ce prix est aussi une reconnaissance car il signifie que des personnes du milieu ont suivi mon travail durant toutes ces années et qu’ils ont décidé de me récompenser. Cela reste un métier assez difficile, pour lequel il est n’est pas simple de se faire remarquer… Ce prix va m’apporter une belle visibilité en Belgique.
Puis c’est également une retombée pour mes clients : ils m’ont fait confiance, ont investi du temps et de l’argent en moi, mes projets, mes idées, mes produits… comme HAY ou Kewlox C’est un peu leur récompense aussi !

 

Pouvez-vous nous raconter votre rôle chez Kewlox ?

Je m’y vois comme un consultant engagé pour le développement de la marque. Quand Geneviève Le Clercq (ndlr : l’administratrice déléguée de l’entreprise et petite-fille du fondateur) a racheté Kewlox, elle s’est entourée d’un bon nombre de personnes pour se faire conseiller. Personnellement, j’ai pu lui donner mon avis lors d’une mission photo pour un de leurs catalogues : selon moi, il fallait revenir à l’essence du produit, tout remettre à plat et revoir la globalité de la marque. Une surprise pour elle, car quelques mois auparavant, l’entreprise avait commandé une nouvelle identité – assez onéreuse…

Je me suis penché sur les client·e·s de cette marque iconique en Belgique, suis allé les interviewer pour connaître leur rapport à leurs meubles et photographier ces derniers. Ce travail nous a permis une refonte de la marque et s’en sont suivi un rajeunissement de la clientèle et un redressement de l’entreprise.

Je participe aussi à la création de collections et j’interviens sur l’amélioration du système ainsi que la création de nouvelles typologies pour de nouveaux usages d’ameublement, mais cela reste au nom de Kewlox. Je suis vraiment intégré à l’entreprise.

 

 

Quels sont les projets développés par votre studio ?

Dès mon arrivée en Belgique, j’ai commencé par travailler pour différents designers et en parallèle, essayé de développer mes propres projets. J’apprécie à Bruxelles ce contact plus direct avec les éditeurs, les constructeurs, etc. Maintenant je conçois surtout des projets pour des clients hors Belgique. J’ai travaillé avec de petites sociétés ; elles ont sorti au fil des années plusieurs de mes projets. Ces derniers ont donné une image de mon travail qui a été remarqué par de plus grosses marques comme Hem, Mattiazzi et HAY, avec qui nous avons notamment sorti la collection Pastis en 2022.

Ca a été un boost à l’international pour moi car la marque est très largement distribuée. J’ai chaque jour un peu plus de commandes de la part de marques ; mon travail de ces dernières années paie et j’en suis heureux !

 

Et pour la suite ?

Avec mon studio, je vais sortir une collection pour Cruso au prochain Maison&Objet. Et si les délais sont bons, une sortie à Copenhague avec HAY en 2024. En fait, j’ai surtout des projets sur un plus long terme en ce moment.

Puis grâce à ce titre de Designer de l’année, je vais bénéficier d’une exposition avec tous mes produits sortis à la foire For The Now (23 et 24 septembre) et je serai présenté à une exposition à destination des professionnels à Courtrai : Design Nation (19 et 20 octobre). Et en 2024, peut-être un projet de monographie avec Marie Pok.

J’ai été également sélectionné pour le projet Duos en Résonances : je viens de commencer l’aventure et ai rencontré mon binôme, Angelo Barrero. J’ai hâte de voir comment va se dérouler cette collaboration avec un artisan d’art !

 


Les lauréat·e·s des éditions précédentes du Designer de l’année :
2006 ⎯ Alain Berteau
2007 ⎯ Nedda El-Asmar
2008 ⎯ Stefan Schöning
2009 ⎯ Sylvain Willenz
2010 ⎯ Bram Boo
2011 ⎯ Nathalie Dewez
2012 ⎯ Alain Gilles
2013 ⎯ Jean-François d’Or  | Lire nos articles sur ses collaborations avec Cruso et avec Hind Rabii
2014 ⎯ Marina Bautier
2015 ⎯ Muller Van Severen
2016 ⎯ Vincent Van Duysen
2017 ⎯ Studio Unfold
2018 ⎯ Frederik Delbart
2019 ⎯ Linde Freya Tangelder
2020 ⎯ Sep Verboom
2021 ⎯ Sébastien Caporusso
2022 ⎯ Studio Biskt | lire notre article sur leur collaboration avec Pierre-Yves Morel

 


Photo de couverture : © HAY / Julien Renault

 

Article rédigé par Cécilia Rigaux,
avec le soutien du
Fonds européen de développement régional.

 

 

 

 

 

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