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Entrevue avec Romy Di Donato, designer industriel et d’espace

Depuis toujours, Romy Di Donato baigne dans une atmosphère artistique et manuelle. Une mère peintre et un père tailleur lui ont transmis le goût de la création et l’envie d’entreprendre. De ses 8 à 18 ans, elle suit des cours du soir en Académie et touche à une multitude de techniques et de matériaux qui la pousseront à choisir des études supérieures en design industriel à l’Ecole Supérieure des Arts de Saint-Luc Liège.

Au cours de sa troisième année d’études, elle participe à un concours organisé par Bois et Habitat. Elle remporte le premier prix, octroyé par Wallonie Design, avec la conception d’un vélo draisienne et s’envole visiter le réputé Salon International du Meuble de Milan. Suite à cette découverte, Romy a pour ambition d’y être exposée. Soutenue par l’organisme Wallonie-Bruxelles Design Mode, elle y parviendra à trois reprises (2016, 2017, 2019).

À la suite de ses études, elle commence à travailler pour des cabinets d’architectes et des magasins de décoration. En 2013, elle décide de lancer son activité et créé son studio de design : Romy Design Studio. Elle y développe ses propres créations et propose ses services de conseil, de développement de produit et d’aménagement d’espace.

Designer, un métier de contact

Selon Romy, le métier de designer est avant tout un métier de contact direct.

« Il faut bien comprendre son client, sa philosophie, sa manière de faire et établir un climat de confiance. Il faut également aller au contact direct des fournisseurs, des producteurs pour comprendre au mieux toute la chaîne et apporter ainsi une solution qui prend en considération tous les paramètres ».

Une fois toutes ces connaissances nécessaires rassemblées, elle travaille sur des prototypes dans son atelier, tout en passant par une succession d’essais/erreurs.

Pour développer ses créations, Romy collabore avec des artisans locaux : teinturier végétal, tisserand, ébéniste…

« C’est avant tout la matière qui me donne la solution ».

Spécialiste des matières naturelles et de l’éco-conception

Depuis 4 ans, Romy s’informe et se spécialise dans le domaine des matériaux naturels. Aujourd’hui, ce travail de recherche porte ses fruits puisque ses clients l’appellent pour ses connaissances spécifiques et son approche éco-responsable dans la production.

Lors de ses recherches, Romy découvre un matériau qui prend aujourd’hui beaucoup d’importance dans le développement de son activité : le chanvre. A tel point qu’elle crée une plateforme d’e-commerce, Chez Marie Jeanne, pour vendre différents produits éco-responsables dont la plupart sont réalisés à base de chanvre [1]*.
Attirée par les propriétés et la production locale de ce matériau (sa production est croissante en Wallonie, depuis 2010), elle utilise le chanvre dans la conception d’objets (parois acoustiques, récipients et suspensions), mais aussi dans le développement de projets textiles. Un projet ambitieux étant donné la disparition des savoir-faire et des machines à tisser le chanvre sur notre territoire. En effet, l’arrivée, dans les années 70, des nouveaux matériaux tels que le plastique a fortement diminué l’utilisation de ces fibres naturelles. C’est toute une filière qu’il faut, aujourd’hui, relancer…

 L’évolution du métier selon Romy

 « Le moindre détail à une échelle industrielle peut devenir une catastrophe ».

Romy constate que le métier de designer se complexifie. Le designer se doit de réfléchir de manière plus globale aux produits qu’il développe et de questionner davantage de paramètres : quelle est la composition d’un matériau ? Quelle est sa provenance ? Comment va-t-il être travaillé ? Comment va-t-il évoluer dans le temps ? Quels déchets le matériau ou le produit va-t-il engendrer tout au long de sa vie ? Quelles techniques de production locales pourraient être valorisées ?…

 « Il y a 10 ans, on prêtait peu d’attention à la façon dont un produit était conçu, aux déchets qu’il engendrait. Depuis quelques années, il y a une prise de conscience qui s’accompagne d’une nouvelle considération portée aux savoir-faire locaux. Mon métier en tant que designer, je le vois dans la valorisation et la collaboration avec des savoir-faire locaux »

« Je m’efforce de redonner une valeur juste aux choses en donnant à voir tout le travail qu’il y a derrière un objet et en travaillant la finition ».

Ce n’est donc pas qu’une question liée à la conception d’un produit mais également toute une réflexion socio-économique dans laquelle le designer est aujourd’hui impliqué. Le défi est important : parvenir grâce au design à redonner de la valeur à la production locale pour concurrencer les pays où la main-d’œuvre est bon marché.

Pour y arriver, deux lignes directrices guident son travail : être curieux des réalités actuelles, et être en accord avec ce que l’on produit.

Un projet actuel ?

Romy a été récemment contactée pour apporter ses conseils dans le développement d’un centre pour personnes souffrant d’un handicap. L’objectif est d’intégrer, dans sa conception, un maximum de matériaux naturels.

« C’est un projet passionnant car il répond concrètement aux besoins des usagers avec une réflexion complémentaire, l’impact sur le bien-être. De plus, je vais travailler avec un autre designer sur ce projet. Être en relation avec des designers qui ont des compétences autres que les miennes est très enrichissant pour ma pratique ».

Pour en savoir plus :

Photos : © Idrisse Hidara, 2020 

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Article rédigé par Véronique Closon,
avec le soutien du Fonds européen de développement régional.

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*[1] Le chanvre est l’une des premières plantes cultivées par l’homme. Les propriétés du chanvre sont extraordinaires et on les retrouve dans la composition de produits très variés : textile, alimentation, cosmétique, isolation des bâtiments… En effet, la fibre de chanvre ne pourrit pas, est hyper-résistante et antiacarien (elle était d’ailleurs très utilisée pour la confection de cordages marins). De plus, la culture du chanvre est très aisée car cette plante est autonome, elle ne demande ni eau, ni produit chimique pour proliférer. On comprend donc l’intérêt grandissant de l’Europe à relancer cette filière et les savoir-faire associés.

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